I.01 || off in the distance + ZEPHYR&LAURYN.

off in the distance.

the stars, just there to remind us how tiny we are.

Une poignée de secondes s’étirèrent dans un silence seulement troublé par la rue, tout en bas, à mille kilomètres de la bulle à se trouvait Zephyr. Puis, l’intrus avança d’un pas et se révéla être une intruse. Et pas n’importe laquelle… Comme si elle avait suivi le fil de ses pensées précédentes, Lauryn se trouvait devant lui. Le jeune Partisan fut de nouveau frappé par sa ressemblance avec Océane. Il n’y avait rien de physique – là où Océane avait les cheveux coupés aux épaules, Lauryn en avait une longueur impossible, là où Océane était cette fille des rues qui portait le même sweat pendant des jours, Lauryn était cette fille qui sentait la richesse à des années lumière. Mais quelque chose dans l’attitude de la nouvelle partisane lui tira un sourire teinté de nostalgie. A chaque fois, penser à Océane lui faisait l’effet d’une flèche en plein cœur.
Comme pour se rassurer, Zephyr passa le pouce contre la tranche de son paquet de cigarettes, actionna son briquet dans le briquet et sourit quand, à la manière d’un chiot, Lauryn pencha la tête sur le côté. Comme si sa question la rendait aussi perplexe que si ce n’était pas elle qui l’avait posée. Zephyr fit quelques pas, le regard posé sereinement sur la brune, et il hocha brièvement la tête.

― Alors ça doit être le destin. La phrase était imbibée d’ironie. Il reprit son sérieux pour lui jeter un regard amusé, lâchant d’un ton dégagé : En effet, ce toit n’est pas à moi. Tu peux être assurée que si j’avais décidé qu’il serait le mien, j’aurais tué quiconque y mettrait les pieds, toi comprise.

Il appuya son regard pour lui faire comprendre que s’il blaguait, il était malgré tout honnête et sérieux. Heureusement pour la vie de Lauryn, il avait décidé que ce soir du moins, le toit ne lui appartenait pas. Abandonnant la jeune fille, il retourna à sa place, assis les jambes dans le vide. Lauryn n’était pas de ceux qui auraient été capables de la pousser dans le vide – il était même certain qu’elle aurait eu du mal à le tuer avec une bonne raison, alors le faire si lâchement… Et puisque le fils d’Apollon ne craignait plus rien, il alluma une nouvelle cigarette d’un geste rapide, inspirant profondément en regardant la ville illuminée avec l’expression de ceux qui pensent que le monde pourrait leur appartenir. Se retournant une seconde pour faire signe à Lauryn de venir s’installer à côté de lui, il hésita une brève seconde avant de lui tendre son paquet de cigarettes – au cas où.
Il y avait quelque chose d’apaisant dans la présence de la jeune fille, mais Zephyr savait pertinemment que ça n’allait pas durer. Il avait croisé Lauryn trop peu de fois pour bien la connaître, mais une chose était certaine, la même situation se déroulait à chaque fois : Elle allait l’ensevelir de questions auxquelles il ne répondrait pas, avant de s’agacer tout en l’entraînant sur des sujets différents sans qu’elle ne le remarque – enfin, pas à chaque fois du moins. Essayant de prévenir le moulin à paroles qu’était la brune, il prit le temps de vider ses poumons de la fumée qui s’y était engagée, et questionna sans quitter la ville du regard :

― Qu’est-ce qui t’amène si tard sur un vulgaire toit ? Tu n’es pas censée faire comme les autres filles, sortir, faire la fête, boire ?

Le jeune homme lui avait balancé l’un des plus terribles clichés de la jeunesse New Yorkaise, juste histoire de provoquer un peu. Mais il se posait réellement la question, qu’est-ce qu’une fille comme Lauryn fabriquait sur un toit où la seule vue était les passants et quelques lumières au loin ? Si elle avait voulu profiter de la vue, elle se fichait le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Des dizaines d’immeubles laissaient accéder à une vue imprenable sur la ville, beaucoup plus impressionnantes.
Ceci dit, elle aurait pu lui retourner la question. Zephyr n’avait strictement rien à faire là, mais pour être honnête… Sa présence sur le toit n’avait rien d’un secret. Juste un besoin de solitude, de hauteur et quelque part où rien ne se dressait entre lui et le ciel. Quelque part où il pouvait fumer un paquet entier de cigarettes sans qu’on ne le regarde de travers, quelque part où il pourrait laisser ses pensées aller sans peur que quelqu’un ne les attrape au vol pour les triturer dans tous les sens. Quelque part où il pouvait juste être, s’asseoir et n’avoir rien d’autre à faire qu’à attendre.
Et si Lauryn venait troubler sa tranquillité, il n’y avait rien de dérangeant là-dedans. Au mieux, un peu de distraction. Au pire, de l’ennui. Mais étant donné que beaucoup de choses l’ennuyaient… Un peu plus, un peu moins.